Une reconnaissance tant attendue
Une étape significative vient d’être franchie dans la reconnaissance des risques auditifs liés au travail en environnement numérique. Certaines pathologies, malheureusement développées par nos collègues interprètes, jusqu’ici ignorées ou minimisées, ont enfin été reconnues comme maladies professionnelles.
Cette reconnaissance constitue une avancée institutionnelle majeure, fruit d’un travail collectif patient et rigoureux entamé il y a plusieurs années par l’Union Syndicale.
Nous alertions en effet déjà en octobre 2022 avec « Problème de santé auditive pour nos interprètes », puis en juin 2023 avec « Conditions de travail des interprètes : L’union Syndicale demande à l’administration l’ouverture immédiate d’une table de négociation » et en octobre 2023 avec « Santé auditive des interprètes : Écartement des plateformes ? ».
Un travail collectif en cours
Aujourd’hui, nous saluons le lancement, à la demande du Comité de Prévention et de Protection au Travail (CPPT), de l’analyse des risques sur la chaîne du son numérique.
Il s’agit d’un processus collaboratif impliquant les acteurs concernés : SCIC (Service commun d’interprétation de conférence), CPPT (Comité pour la Prévention et la Protection au Travail), SIPP (Service Interne pour la Prévention et la Protection au travail), médecine du travail et délégation des interprètes particulièrement mobilisée et impliquée.
L’étude ergonomique et acoustique du travail des interprètes du SCIC a été confiée par l’administration à un prestataire externe, Modyva. Bien que tardive et ne priorisant pas la problématique du son compressé comme nous l’aurions souhaité, cette démarche constitue néanmoins un espoir concret en matière de prévention.
Nous nous réjouissons de cette avancée, mais restons vigilants face aux nouveaux défis en matière de santé auditive des interprètes, qui travaillent dans un environnement numérique transformé depuis la pandémie.
Cette question fait d’ailleurs l’objet de recherches au plus haut niveau scientifique : l’Institut Pasteur mène actuellement une étude sur les effets du son compressé sur le système auditif des utilisateurs réguliers de plateformes de conférence.
Les interprètes qui souhaiteraient y participer peuvent s’adresser directement à l’Institut Pasteur: COMPRESSED – Research – Institut Pasteur
Une mobilisation qui continue
L’Union Syndicale Bruxelles reste pleinement mobilisée pour une prévention efficace des risques auditifs chez nos collègues interprètes. Nous souhaitons à cet égard rendre un hommage appuyé à Marie-Odile Franckaert, juriste, membre de l’Union Syndicale et représentante du personnel dont l’engagement, la rigueur et l’humanité ont marqué ce combat. Sa mémoire et son action continueront d’inspirer notre mobilisation.
Un enjeu qui nous concerne tous
Ce sujet dépasse le seul cadre des interprètes. Dans nos réunions hybrides, nos visioconférences fréquentes et souvent prolongées, ou nos usages quotidiens des casques, nous sommes tous exposés à un son compressé, altéré et potentiellement toxique.
Les symptômes évoqués – acouphènes, fatigue auditive, surdité cachée, troubles de concentration, migraines…– doivent être pris au sérieux. Pour mémoire, notre tract « Prenez grand soin de vos oreilles ! »
Et pour celles et ceux qui, depuis l’introduction des plateformes, souffrent dans le silence : il y a désormais un espoir.