La visite de courtoisie de MM Quest et Roques aux 3000 membres des six Agences Exécutives de l’Union européenne a laissé un goût bien amer au personnel qui caressait l’espoir d’un dialogue constructif.
Pas tant parce que M. Quest a fortement et clairement rappelé au personnel leur statut d’agents européens de deuxième catégorie.
Le personnel des agences est en effet bien au fait de ses conditions de travail, qu’il a acceptées en signant son contrat, comme l’a délicatement rappelé M. Quest, et contrairement à ce que pouvaient laisser penser certaines revendications isolées, notamment salariale, que M. Quest a bien entendu montées en exergue. Le personnel est attaché au principe de réalité et privilégie le pragmatisme et l’ouverture institutionnels aux salamalecs d’une reconnaissance éternelle par les cadres de la Commission pour le rôle essentiel des agences exécutives dans la construction européenne.
Mais parce que M. Quest a claqué la porte à tout dialogue.
Aux nombreuses préoccupations exprimées sur l’absence de perspectives de carrière, de mobilité, les promotions très lentes, la réponse a été non, on ne va pas en discuter. L’inquiétude quant à la perte de motivation ? Un aléa du statut ! Le rôle unique d’interface des agences exécutives entre la bulle européenne et les acteurs de terrain, un détail !
M. Quest n’a pas pris acte de la qualité de la coopération développée dans le cadre du Mémorandum of Understanding signé le 28 janvier 2020 entre le management des 6 agences, les représentants de leur personnel et les syndicats. Cette coopération enregistre pourtant des avancées significatives, dans les limites du statut et des règles de mise en oeuvre, pour les conditions de recrutement et d’emploi dans les agences exécutives et renforce durablement la relation de confiance et l’engagement mutuel du management et du personnel.
M. Quest ce faisant démontre un certain mépris à l’égard du personnel des agences, mais également de ses six directeurs exécutifs engagés dans cette coopération.
Et que dire du mépris affiché à l’égard des représentants du personnel et des représentants syndicaux qui n’étaient pas invités à s’exprimer en cette qualité.
Car M. Quest n’a pas besoin du dialogue social, M. Quest parle directement aux agents !
Or, parler aux agents sans leurs représentants, ce n’est pas dialoguer : c’est monologuer. Sous couvert de “proximité” et d’écoute directe”, M. Quest reproduit une stratégie bien connue : contourner les représentants du personnel pour mieux minimiser le rôle du dialogue social et affaiblir le seul contrepoids existant dans un rapport de force déjà déséquilibré.
Cette attitude autoritaire était-elle le vrai but de cette visite de courtoisie ?
Rappeler au personnel des agences qu’il ferait mieux de se satisfaire de ces conditions de travail dans un contexte géopolitique instable et un avenir budgétaire incertain ? Que s’il n’est pas satisfait de gérer des programmes à la chaine sans perspective d’évolution de carrière ou de mobilité, il peut choisir de partir ?
Cette vision administrative à très courte vue méconnait l’expertise singulière des agences exécutives dans la mise en œuvre des programmes européens et leur rôle clé d’interface entre les politiques et les acteurs de terrain.
Elle compromet également l’engagement pris auprès des syndicats, dans le cadre de la mobilisation autour du déménagement des agences exécutives dans le quartier Nord de Bruxelles, de porter le dialogue auprès des services centraux dont les politiques impactent directement le personnel des agences et qui doit pouvoir être impliqué en amont.
Nous demandons à MM Quest et Roques :
- De s’informer des progrès significatifs réalisés par les 6 Agences Exécutives, dans la limite des règles de mise en œuvre du statut, pour l’amélioration des conditions de recrutement et de carrière ;
- De favoriser l’ouverture de discussions sur les GIPS afin d’aplanir les obstacles et d’améliorer les opportunités de carrière et de mobilité ;
- De favoriser ce faisant un dialogue social réel, loyal et équilibré dans l’intérêt des agences comme de la Commission.
Nous nous réjouissons d’une prochaine visite de courtoisie dans ce cadre clarifié.





