En cette pandémie du COVID-19, la première journée mettant à l’honneur la parité de rémunération, organisée par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), a lieu le 18 septembre 2020. Cette parité n’est pas remise en question dans les institutions européennes grâce au système de grades, garantissant un salaire égal pour chaque travailleur, quel que soit son sexe. Cependant, l’égalité de carrière n’est pas acquise dans nos organisations et institutions. Cette dernière a d’ailleurs été ébranlée par la crise du Coronavirus. A cette occasion, l’Union Syndicale souhaite entamer une réflexion sur l’égalité homme/femme à l’ère du COVID-19 et les enjeux qui lui seront associés.
Le coronavirus a bouleversé nos vies : réduction des liens sociaux (une bulle d’un nombre de personnes limité), modification de nos habitudes culturelles (réservations et nombre limité de spectateurs, à nouveau), de nos habitudes d’achat (1 ou 2 personnes par ménage, allant à l’essentiel quand il s’agit de faire ses courses avec un temps limité à 30 minutes). Pourtant, s’il y a bien un domaine sur lequel la pandémie a un impact sans précédent, c’est bien le monde du travail : les relations de travail et l’organisation du travail en sont influencés. Et au cours de la pandémie de COVID-19, la parité s’en trouve menacée.
Une forme non-régulée et très peu encadrée de télétravail a été adoptée par la grande majorité des entreprises et institutions comme une solution rapide et efficace dans l’optique de répondre aux stratégies de confinement et d’arrêt total ou partiel des relations sociales. Et cela, afin de contrer la propagation du COVID-19. Présenté désormais comme la panacée pour désengorger les routes, réduire la pollution urbaine, pour augmenter la productivité et induire une nouvelle dynamique au sein des équipes, cette forme dégradée de télétravail n’a pourtant pas que des avantages.
En effet, il modifie les relations de travail, auparavant sociales, les transformant en rendez-vous utilitaristes et réduits au strict nécessaire pour le fonctionnement de l’entreprise ou du service. Le social devient virtuel et nos relations s’éloignent et se déshumanisent peu à peu par écrans interposés. La « déspatialisation » déjà pointée du doigt, entraîne un manque d’identification à l’institution qui l’emploie de la part du travailleur. Serait-ce un appauvrissement de la culture d’entreprise ? Il est possible de se le demander : ce dernier ne ressent plus d’attachement aux valeurs de son entreprise et se déconnecte de ses objectifs professionnels. Le phénomène est également observé au sein des institutions européennes. Il y a également une crise de confiance du management qui développe des outils de surveillance en ligne des activités des travailleurs. En effet, le lieu du télétravail est paradoxalement organisé dans un lieu de refuge (le foyer) où le travail est, à juste titre, normalement absent mais dans lequel les inégalités entre hommes et femmes sont aussi très marquées. En cette période de crise du COVID-19, il n’en faut guère plus pour les voir contaminer la parité entre hommes et femmes au travail.
L’égalité de carrière n’est malheureusement pas encore acquise au sein des institutions européennes : les emplois précaires (agents contractuels ou temporaires sont bien souvent des femmes) et une progression de carrière à l’instar des hommes n’est pas encore une réalité pour la plupart d’entre elles. De par leurs obligations privées, les femmes sont bien souvent mises de côté et n’accèdent pas facilement ou du moins pas aussi vite aux grades supérieurs. La crise du coronavirus a renforcé ces inégalités : l’obligation de poursuivre la scolarité des enfants à la maison pour les parents a entraîné une augmentation de la charge mentale vécue par les femmes. Elles sont le plus souvent celles qui donnent cours, assurent le suivi scolaire, s’occupent des tâches ménagères quotidiennes et s’attèlent à l’organisation du foyer, mais la pandémie a renforcé leur charge de travail dit « professionnel » tout en le couplant à leur « obligations » parentales, elles aussi renforcées. Comme le souligne l’OIT, « durant la pandémie, de nombreux hommes et femmes ont vu les heures qu’ils consacrent au travail non-payé augmenter, conséquence de la fermeture des crèches et des écoles ». L’enjeu pour le syndicat est double : œuvrer pour permettre un meilleur équilibre entre vie privée et professionnelle pour les deux parents et offrir les mêmes opportunités de télétravailler tout en conservant un équilibre familial.
De plus, les violences faites aux femmes ont considérablement augmenté (+30% rien qu’en France) durant la période de confinement, et cela, partout dans le monde. Les réseaux sociaux ont permis de relayer de nombreuses informations afin d’aider les victimes et/ou de les renvoyer vers des structures plus compétentes. Cependant, le coronavirus a engendré une plus grande instabilité pour ces femmes, prises au piège avec leur agresseur, quotidiennement et entre les quatre murs de leur foyer. Cependant, de nombreux gouvernements en Europe et dans le monde, en lien avec les associations de défense des droits des femmes, ont développé leur politique d’écoute accompagnée de nouvelles stratégies de reporting sécurisantes pour les victimes.
Les problèmes découlant du confinement et de ce télétravail non-structuré ne sont pas seulement d’ordre familial ou privé, le cyberharcèlement s’est insidieusement intégré dans les relations à distance de travail. Bien que le travail à distance réduit les problèmes de harcèlement physique ou verbal en face à face, le risque d’être victime de harcèlement ou de violence au travers de mails ou de réunions en visioconférence est bien là. Le bien-être et la santé au travail ne peuvent donc pas être relayés au second plan sous prétexte que le travail à distance réduit les risques psychosociaux.
C’est pourquoi l’Union Syndicale a créé un groupe de travail et de réflexion chargé d’établir des propositions d’actions liées aux nouveaux enjeux qu’engendre le travail à distance et ce que d’aucuns appellent la « nouvelle normalité » du monde du travail. Suivez-nous sur nos réseaux sociaux afin d’être tenus au courant de l’avancée de nos discussions sur les implications du COVID-19 sur la parité homme/femme !